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Quand j’ai découvert le livre1 de l’anthropologue Fanny Parise, je suis tombée des nues. La consommation éco-responsable serait-elle un alibi pour ne rien changer ? Elle analyse comment l’injonction « consommer mieux et moins » devient « consommer mieux et plus ». Et si, en tentant de sortir de la surconsommation, je participais moi aussi à l’hyperconsommation responsable malgré tout?
Mon rôle en tant que personne consciente que la croissance illimitée sur une planète limitée nous mène au désastre est donc, entre autres, de consommer moins avant de consommer mieux.
Même si je sais que nos gestes individuels ont des limites2, voici comment je m’y prends pour « dé-consommer » en accord avec mes convictions!
Se documenter et faire des choix conscients
Pour moi, tout commence par ouvrir les yeux sur les impacts sociaux, sociétaux et environnementaux de ce qu’on consomme : la plupart des produits très dommageables sont bien documentés! Avocat, huile de palme, noix de cajou, viande industrielle… ceux-ci peuvent être bannis de notre consommation ou considérés comme un luxe qu’on s’octroie le moins souvent possible.
En plus, certains sont néfastes pour notre santé lorsque trop consommés, comme la viande rouge et les aliments hautement transformés. J’y réfléchis donc à deux fois avant de les mettre dans mon panier!
Et comme j’ai la chance de gagner suffisamment pour vivre :
Je fais le choix de produits équitables pour le café, le thé, le sucre et le cacao en me fiant aux labels de Fairtrade et SPP (Symbole des Petits Producteurs) en épicerie, ou achetant en gros sur Camino.
Je soutiens des entreprises locales qui œuvrent à nous offrir des alternatives durables comme Prana pour les noix, Equifruit (non mais regardez-moi ce site génial!) pour les bananes, ou bien mon commerce de vrac préféré. D’ailleurs, le Québec/Canada dispose d’une ressource inestimable pour remplacer le sucre : Acer saccharum, fameux producteur de sirop d’érable.
Prendre le temps de la réflexion
L’humanité n’a jamais acheté aussi rapidement, et ça fait peur ! Rien n’est plus facile que d’acheter en deux clics depuis son canapé, les commerces en ligne étant ouverts 24h/24h, 7j/7. C’est fou qu’il faille déployer autant d’efforts pour freiner nos achats.
Quelques petits trucs qui fonctionnent pour moi :
• Se poser (plutôt deux fois qu’une) la question : en ai-je vraiment besoin?
• Augmenter le temps entre l’envie d’acheter et l’acte d’achat.
• Tenir des listes de tout ce qu’on veut acheter, les garder le plus longtemps possible pour voir si le besoin est toujours-là ou s’il n’est pas superflu. Je vous assure que bien souvent, des éléments de la liste sont finalement rayés!
• Supprimer sa carte de crédit enregistrée automatiquement sur ses appareils. Simple mais efficace !
Refuser autant que possible la publicité…
C’est un gros nœud du problème : trop de publicités sont faites pour nous créer de faux-besoins. Moins je les vois, mieux je me porte. Ces actions sont faciles et me font du bien :
• Demander à sa Poste de cesser de recevoir du courrier publicitaire,
• Installer un bloqueur de publicité sur internet comme Adblock, en ajoutant des exceptions pour soutenir les personnes qui créent du contenu informatif gratuit
• Se désabonner des infolettres commerciales (mais pas celles de vos organismes préférés bien-sûr!) grâce à Cleanfox.
… et les appels à consommer en masse !
En pensant à toutes les économies qu’on peut faire, en temps et en argent, grâce aux achats ainsi évités
Pour ma part, j’évite les centres d’achat, centres commerciaux et autres places emblèmes de la surconsommation. Je boycotte aussi les vendredis fous, cyberlundi, soldes d’hiver et d’été.
Chercher une alternative à l’achat
Enfin, parce que la mutualisation et le partage permettent de jouir d’un bien sans avoir besoin de le posséder individuellement, je cherche d’abord à emprunter avant d’acheter :
• Rejoindre un groupe Facebook comme « buy nothing – nom de votre ville » ou « entraide – nom de votre ville » ou “as-tu ça toi – nom de votre ville”
• Oser toquer à la porte de ses voisins, ses amis ou ses collègues pour emprunter quelque chose
• Tester l’application Partage Club qui offre 3 mois d’essai gratuit. Il y a même un calendrier avec les dates de retours des prêts et emprunts. Plus besoin de se demander à qui j’ai bien pu prêter telle ou telle affaire !
• Avoir une carte à sa bibliothèque et en profiter, c’est une chance insoupçonnée.
J’ai récemment pu emprunter une table pour un événement, des jeux, un déshydrateur, un mixeur et même un autoclave, soit une écolonomie d’au moins 450 $ !
On peut aussi mutualiser nos déplacements pour réduire son besoin de posséder une auto en ville :
• Communauto pour profiter de véhicules libre-service
• Poparide, AmigoExpress, et Covoiturage.ca pour faire de belles rencontres et des économies pour ses trajets
• Turo pour louer des véhicules entre particuliers
• Les vélos partagés de votre ville si vous avez la chance d’en avoir
Idées additionnelles pour les personnes qui vivent en région non-urbaine :
• Demander à son employeur s’il serait prêt à offrir une aide financière pour encourager les déplacements actifs et en commun.
• Proposer à son employeur d’inciter les travailleur.se.s à covoiturer.
• Contacter la municipalité pour demander davantage de transports en commun. La politique, ce n’est pas juste lors du vote.
Voilà, j’espère vous avoir donné des idées pratiques pour remettre en question notre consommation et la réduire, un pas à la fois.
N’oublions pas tout notre pouvoir d’influence, que ce soit par nos gestes individuels, nos prises de position ou nos actions à plus grande échelle 🙂
On a encore besoin de monde pour inverser la tendance !
Notes de bas de page :
1- Les enfants gâtés du capitalisme responsable de Fanny Parise, aux éditions Payot. Elle en parle notamment dans ce balado.
2- Et oui, nos gestes individuels ne suffiront pas. D’après une étude menée par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) en mai 2023, « au Québec, la réduction de la consommation individuelle est insuffisante pour contrer la crise écologique. » Tel est le constat de cette étude qui montre que «la stricte consommation vitale au Québec n’est pas viable sur le plan écologique, la transition écologique ne peut se limiter à une approche de diminution de la demande et requiert une transformation importante des systèmes de production. » L’étude conclut également : « Au Québec et au Canada, les outils statistiques actuels de mesure de l’empreinte écologique de la société sont insuffisants et très peu développés comparativement à ce qui est fait dans l’Union européenne. Pourtant, ces informations sont cruciales pour l’adoption de politiques publiques de transition écologique éclairées. » Restons donc vigilant.es et alertes sur les manquements des gouvernements et des entreprises!
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