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Planète plastique : pas pour nous

23 août 2018 | Par Anne-Marie Asselin
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Je me demande souvent comment on a pu arriver au point où la pollution dans notre quotidien est devenue normale. Des déchets en ville sur les trottoirs, ou de la consommation de produits plastiques excessifs, c’est comme si ça faisait maintenant partie du milieu naturel, de l’environnement « normal » dans lequel on vit notre quotidien, mais aussi de nos…meurs.

Il y a quelques semaines, Étienne, conseiller en gestion des matières résiduelles au Jour de la Terre, nous posait la question : « Le plastique, c’est tu si méchant que ça ? » , dans son article L’humain et le plastique : pris la main dans le sac ?. J’ai décidé d’approfondir le sujet. Commençons par le commencement.


Dans une mer de plastique

Du haut de mes 33 ans, toutes mes dents et de ma sagesse en perpétuelle questionnement, je m’interroge sur cette latence, ce manque d’actions ou cette paralysie afin de revendiquer un environnement propre, une diminution du plastique dans nos vies, mais surtout, un monde plus sain !

C’est en me retrouvant en plein coeur de l’Atlantique, dans la mer des Sargasses, que j’ai compris pour la première fois il y a 7 ans, mon impact sur notre belle planète bleue. Le bateau flottait au milieu du gyre atlantique, là où les courants océaniques se rencontrent et forment un entonnoir où tout converge. Et bien j’y ai vu des bouteilles de shampooing, des cartouches de tampons, des bouchons, des p’tits bouts de plastiques de couleurs non identifiables, le col de bouteilles plastiques… C’est là où j’me suis dit: « ouin, ben je ne pensais pas que je trouverais ça ici ! ».

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« Ici, dans le coeur de l’océan atlantique, c’était dans ma tête bien loin de là-bas, à Montréal. Mais pourtant, je voyais bien que la bouteille de Coke diète que j’avais achetée (20 fois plutôt qu’une !) flottait surement à côté de moi, au beau milieu de nulle part ».

La réalité, on ne la voit plus comme il faut:

  • Ce n’est pas normal que tout ce que l’on achète arrive enveloppé dans la pellicule plastique;
  • ce n’est pas normal d’aller au dépanneur et de ne pas pouvoir se procurer une bouteille d’eau dans un autre contenant que du plastique;
  • ce n’est pas normal de trouver ça compliqué de transporter nos sacs réutilisables, une gourde et une tasse réutilisable…

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Un enjeu contemporain omniprésent

Saviez-vous qu’il y a peine 60 ans, le plastique n’était pas popularisé ? C’est depuis le début des années 60 que le matériel issu du pétrole a pris une place croissante dans notre quotidien. Pensez-y 2 secondes, tout est maintenant en plastique. Votre crayon, votre clavier, vos boutons de chemise, vos appareils électriques, vos sacs, vos vêtements (polar et microfibres, polyester!), vos plats réutilisables, vos voitures, vos lunettes, vos fils et recharge de téléphone cellulaire, vos cosmétiques, vos ustensiles de cuisine, les jouets de vos enfants, etc. TOUT !

Quand recycler ne suffit pas

Seulement 10% du plastique est recyclé mondialement. Le reste est acheminé dans des sites d’enfouissement, ou bien laissé librement dans l’environnement. Le problème principal avec le plastique c’est le mode de consommation qui lui est associé. Emballage de prédilection, le plastique est maintenant utilisé pour des fins d’usages uniques, pour consommation immédiate, destiné à une utilisation de moins de deux minutes avant d’être jeté.


À lire aussi : L’humain et le plastique : pris la main dans le sac ?


Avez-vous déjà réfléchi au cycle de vie du plastique, depuis sa fabrication jusqu’à sa mort ?
Et bien voici son histoire.

Portrait global du polymère

Le plastique est issu du pétrole, transformé en petit morceau (avec déjà un très gros coût environnemental), connu sous le nom de granules ou pellet. Il contient des produits chimiques comme le bisphénol A (le fameux BPA), le styrène et les phtalates (substance toxique et omniprésente, responsable de la transparence et flexibilité du plastique), pour en nommer que quelques-uns. Ces granules sont ensuite fondues et moulées dans la forme désirée, prenons une bouteille par exemple. En plus de contenir un cocktail de produits chimiques toxiques (une bouteille sans BPA c’est bien, mais il y a d’autres produits toxiques toujours présents comme le styrène et les phtalates), votre bouteille plastique commence à se désintégrer à même son emballage. C’est au niveau chimique que ça se passe, invisible à nos yeux.

Une étude récente conduite par l’organisation journalistique Orb Media et les chercheurs de State University of New York à Fredonia [1], vient de conclure la présence de micro plastique dans l’eau embouteillée, peu importe la marque, sa source provenant de la bouteille elle-même et son bouchon ! Ce que ça veut dire, c’est que le plastique commence à se dégrader aussitôt qu’il est conçu. Et les produits chimiques pour fabriquer ce plastique se retrouvent aussi dans votre eau. Imaginez un plat plastique chauffé au four à micro-ondes. La chaleur accélère les processus chimiques (principe chimie 101 !), combinée à un contact direct avec vos aliments, eh bien oui ! Vous mangez du plastique !

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Les impacts sur la santé sont multiples, le premier étant un perturbateur endocrinien interférant avec vos hormones. Le BPA, les phtalates et le styrène sont tous reconnus comme cancerigènes, et peuvent entrainer des malformations congénitales et la suppression du système immunitaire. Ils sont aussi liés à des problèmes de développement chez les enfants [2].

L’autre problème est celui de l’accumulation dans l’environnement et de la mauvaise gestion du recyclage. Disons que votre bouteille se retrouve dans la rue plutôt que dans votre bac de recyclage. Les chances sont qu’elle se retrouvera probablement dans le fleuve, puis dans une rivière, puis dans le golfe, puis dans l’océan, comme j’ai vu dans l’Atlantique. En chemin, elle se dégradera encore et toujours, en de plus en plus de micros particules dans l’environnement, contaminant tout ce qui l’entoure.

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Plus de 8 milliards de tonnes de plastique (visualisez un éléphant = 1 tonne, multiplié par 8 milliards !) sont déversés dans les océans à chaque jour…


Saviez-vous que le plastique peut prendre jusqu’à 500 ans avant de disparaître de l’environnement ? C’est un lourd coût environnemental pour une soif passagère et trop souvent superflue.


C’est la même histoire pour tous les autres objets en plastiques. Le pire, c’est que le plastique attire comme un aimant ou absorbe comme une éponge, les polluants et les pesticides de l’eau de mer environnante, même au niveau moléculaire. Alors lorsque votre bouteille est dégradée en micro particules, celle-ci s’entoure d’une gang de badboys toxiques. Ces particules sont consommées par les plus petits organismes dans l’océan et les cours d’eau, et se retrouvent dans la chaîne alimentaire, à sa base, voyageant jusqu’à nous. C’est ce qu’on appelle de l’écotoxicologie et de la bioaccumulation !

L’autre cas, c’est que votre bouteille se retrouve sur la côte, suite à un long voyage dans l’océan. Le sel et le soleil vont avoir vieilli le plastique, ce qui empêche de le recycler une fois que ce plastique vient s’échouer sur les plages du monde entier. La chaîne est brisée.

Je vous reviens la semaine prochaine pour le côté lumineux de la chose :
les gestes à adopter pour un présent et un futur sans plastique !

Sources :

[1] Site web Orb Media (2018), « PLUS PLASTIC
MICROPLASTICS FOUND IN GLOBAL BOTTLED WATER »

[2] Talsness CE, Andrade AJM, Kuriyama SN, Taylor JA, vom Saal FS. Components of plastic: experimental studies in animals and relevance for human health. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences. 2009;364(1526):2079-2096. doi:10.1098/rstb.2008.0281.



Chargée de projet et conférencière – Carbure à l’efficacité

Anne-Marie Asselin

Toujours sur de nouveaux projets, Anne-Marie est une grande voyageuse. Elle se passionne de voile, de vélo et de la mer. Biologiste marine, elle possède une Maîtrise en environnement et beaucoup d’expérience en tant que vulgarisatrice scientifique ou professeure. Il est très important pour elle de partager ses connaissances avec la relève, et ainsi influencer et forger la génération future sur l’importance d’une vie plus verte. Anne-Marie est également fondatrice de l’Organisation Bleue et Auteure de Lady Bleue-Le grand voyage.

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