La consigne, c’est quelque chose que l’on connaît bien au Canada : toutes les provinces et territoires (le Nunavut excepté) possèdent leur propre système pour la gérer. Mais sait-on vraiment d’où elle vient, les avantages et inconvénients qu’elle présente et les futurs possibles pour elle? Démystifions tout cela ensemble!

Les sources de la consigne!

Croyez-le ou non, dès le début des boissons prêtes à consommer il y a eu la consigne. Lorsque de plus en plus de monde a commencé à acheter puis jeter les dispendieuses bouteilles de bières des distributeurs de boissons, ces derniers l’ont instaurée pour s’éviter des coûts.

Cependant, après la Seconde Guerre Mondiale, de gros producteurs (de boissons) entrent sur le marché et abandonnent la consigne au profit d’autres matériaux plus légers, moins chers et à usage unique comme le plastique et l’aluminium.

Il faut attendre les années 70 pour comprendre que l’enfouissement massif de ces matières est problématique. La Colombie-Britannique sera la première à (re)mettre en place un système de consigne, suivie par d’autres états américains. Mais le lobbying réussit alors à empêcher ou ralentir l’adoption de ces mesures et continue d’ailleurs aujourd’hui de freiner l’adoption d’un système plus large et plus restrictif!

Et on en est aujourd’hui où au Canada?

On applique des règles bien différentes entre les provinces! Certaines comme le Manitoba et l’Ontario n’appliquent la consigne qu’aux boissons alcoolisées, d’autres y ajoutent un frais de manutention qui n’est pas remboursable.

Le Québec a plutôt choisi de « récompenser » les détaillants pour la gestion des consignes et s’apprête à donner un coup de neuf à son système, ce qui n’avait pas été fait depuis 1984!

Et oui! En janvier 2020, le gouvernement du Québec annonce une réforme double du système de consigne : un élargissement et une modernisation. On veut passer d’un système « qui est basé sur le contenu (soit la bière et les boissons gazeuses), à un système fondé sur le type de contenant ».

Et on l’essaye sur le terrain depuis l’été 2021! Au total, sept projets pilotes permettent (entre autres) de tester les équipements, évaluer la participation citoyenne et déterminer les méthodes de récupération.

Ça a été le cas à Granby, dans le IGA Extra Marché St-Pierre, où l’on a expérimenté de nouvelles récupératrices automatisées et le concept de dépôt régional piloté par le détaillant lui-même. Pour ce seul magasin, ce sont 700 000 contenants qui ont été récupérés en moins de 6 mois!

Et le système fonctionne puisque le marchand est déjà impatient de le remettre en place, maintenant que le projet-pilote est terminé et qu’il faut attendre le démarrage officiel de la nouvelle consigne…

La suite en 2023!

… Le 1er novembre 2023! Le nouveau système de consigne inclura alors tous les contenants de boisson de 100mL à 2L en plastique, verre et métal. En 2025, s’ajouteront les contenants en fibre (carton et multicouches, pensez brique de lait).

Autre changement : le montant de la consigne de base va être revu à la hausse, de 0,05$ à 0,10$, ainsi que celle du verre (de 0,20$ à 0,25$), ce qui n’était pas arrivé depuis 36 ans.

Cette revalorisation est un beau pas en avant (et une étape incontournable!) pour une meilleure considération de la valeur des ressources visées par la consigne. Elle se double d’un objectif plus strict pour les entreprises productrices de contenants qui devront assurer un taux de récupération de 85% d’ici à 2030, contre 70% pour 2026.

Objectif : atteindre les 4 milliards de contenants récupérés, contre 2.4 milliards actuellement. L’arrivée des bouteilles d’eau dans la consigne est à souligner puisque 1,1 milliards d’entre elles sont vendues chaque année au Québec seulement!

Dès l’année prochaine, la mention « Québec Consignée XX¢ Refund » y sera donc posée!

Et cet exemple illustre très bien que la modernisation de la consigne, bien que nécessaire (et très bienvenue!) ne sera pas suffisante!

Au-delà de la modernisation

En effet le système actuel vise en priorité à récupérer les matières pour ne pas les perdre et non pas à limiter le nombre de contenants en circulation. De plus, une large partie des contenants consignés sont à remplissage unique (CRE) et la consigne permet donc d’assurer… le recyclage des matériaux, mais pas la réutilisation des contenants comme c’est le cas pour les bouteilles en verre à remplissage multiple.

Pour que la consigne soit pleinement efficace, il est donc impératif de joindre d’autres mesures, visant la réduction à la source et la réutilisation! On peut penser à l’interdiction des matières problématiques, à la standardisation des emballages et au bannissement progressif des contenants à remplissage unique… même consignés!

Conseillère – Gestion des matières résiduelles

Sophie Lanctôt

Attirée par la nature et les grands espaces, Sophie ne manque pas une occasion de sortir de la ville pour explorer le Québec. Ses études en géographie lui ont permis de développer un grand intérêt pour la sensibilisation environnementale et la vulgarisation scientifique. Pour elle, les moments de discussions sympathiques autour d’un verre de vin, de bonne musique et d’un jeu de société sont des plus agréables.

Voir tous les articles...