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Gestion de l'eau
Il y a quelques années, j’ai eu l’opportunité de passer 3 jours sur un bateau en pleine mer. Tout autour, c’était l’océan à perte de vue. Depuis le navire, à l’observer pendant ces 3 jours, j’ai pris conscience de sa beauté, son immensité et de son rôle pour soutenir la vie sur notre planète. Et j’y ai vu flotter ce que nous lui imposons depuis trop longtemps : nos déchets.
Composés principalement d’hydrocarbures, de polluants organiques, de substances toxiques, de métaux lourds et bien sûr, de plastique, la majorité de ces déchets ne provient pas directement des zones côtières ou des bateaux. C’est en fait 80% de la pollution marine qui est générée par les continents puis drainée depuis l’intérieur des terres jusqu’aux océans. Ce qui nous force à établir un constat déroutant : quand je jette au Québec, je pollue aussi les océans du bout du monde.
Jeter ici, c’est polluer là-bas
Une fois au dépotoir, la plupart des matières qui constituent nos déchets se décomposent et se désintègrent, relâchant des produits plus ou moins toxiques qui sont ensuite emportés par le lixiviat. Ce liquide résiduel provenant des déchets infiltre sols et nappes phréatiques pour éventuellement finir dans un cours d’eau dont il perturbera durablement l’équilibre.
Il y a aussi le plastique, qui se brise et se fractionne presque à l’infini. Les morceaux les plus volumineux ont toutes les chances de finir conglomérés dans l’une des 5 soupes océaniques de déchets, dont la plus grosse, dans le Pacifique Nord, fait la taille du Québec.
Sous forme de microbilles invisibles à l’œil nu, il pollue nos eaux de lavage, nos eaux en bouteille et à peu près tout liquide ayant été en contact prolongé avec une forme quelconque de plastique. Il finit alors par contaminer toute la chaine alimentaire marine, en commençant par les plus petits organismes chargés de filtrer l’eau océanique.
La filière du recyclage a aussi contribué au problème puisque le Québec a longtemps envoyé ses matières recyclables dans les pays d’Asie pour s’épargner le développement couteux d’une filière de valorisation des déchets. Jusqu’à ce que la Chine interdise l’arrivée de ces ballots contaminés et de mauvaise qualité, en 2017, notre piètre tri était donc directement responsable de la contamination des cours d’eau asiatiques, dont 15 figurent dans les 20 fleuves qui transportent le plus de plastique du monde.
Conséquemment, en tant que consommateurs·trices, nous avons une part de responsabilité dans cette pollution massive. La bonne nouvelle est que nous avons aussi accès à une panoplie d’alternatives pour la réduire!
Coupez ou jaugez le robinet
Le gros du problème se situe évidemment à la source. Tout au long du cycle de vie de toute chose que nous consommons sont produites d’énormes quantités de résidus. Ainsi puisque consommation rime inévitablement avec résidus, c’est à elle qu’il faut s’attaquer pour réduire nos déchets :
- Posez-vous la fameuse question « En ai-je vraiment besoin?». À la base du problème, il y a d’abord notre frénésie d’acheter ce dont on n’a pas réellement besoin. Questionner l’achat en raisonnant nos réflexes de consommation, par exemple face aux publicités colorées des réseaux sociaux, peut s’avérer fort avantageux pour l’océan et aussi pour notre porte-feuille.
- Privilégiez la réparation, la location, l’emprunt ou l’échange de service en partant du principe que quelqu’un autour de vous a probablement ce que vous cherchez et qu’il s’agit de se mettre en commun. Il existe aussi des groupes d’échange de service et des coopératives de partage d’objets, ainsi que des ateliers de réparation comme ceux de Solon à Montréal ou encore le Café de réparation à Sherbrooke.
- Découvrez les friperies et magasins de seconde main: Un objet de seconde main à un impact moindre que s’il avait été produit à neuf parce qu’il divise un impact environnemental existant plutôt que d’en créer un nouveau. Ainsi on rallonge la durée de vie des objets en retardant leur mise au rebut. L’achat de vêtements en friperie m’est devenu une habitude depuis que j’y ai trouvé mon habit de finissant il y a 20 ans.
- Optez pour les épiceries zéro-déchet : En apportant et remplissant nos propres contenants, nous empêchons que de multiples emballages et/ou contenants finissent aux déchets. Personnellement en payant au poids, ça m’oblige à surveiller les quantités que j’utilise et à éviter le gaspillage. Je réduis les déchets aux deux bouts!
- Achetez des produits écoresponsables : Les systèmes d’épuration n’étant pas infaillibles, la composition des matières que l’on met dedans a de gros impact. Vous pouvez donc choisir des fibres naturelles et adopter les sacs filtreurs, comme Guppyfriend, qui capturent les microplastiques présents dans nos fibres synthétiques. Privilégiez aussi les options écoresponsables et non-nocives pour l’environnement pour vos produits d’entretien et cosmétiques qui finissent dans les cours d’eau.
Rediriger ses déchets
Ensuite, qu’on le veuille ou non, nos choses finissent par devenir inutiles ou inadéquates à leur fonction première. On peut cependant leur éviter une fin de vie à l’enfouissement et donc l’éventuel contamination des océans :
- Donnez une deuxième vie bien différente à vos choses grâce au réemploi. Si vous avez l’esprit créatif comme moi, le rebut est un médium éclectique et flexible pour la création artistique. Pour les plus entreprenant·e·s, des communautés comme Precious Plastic vous guident pour la transformation de certaines matières.
- Rendez-vous dans un écocentre où l’on peut laisser débris de construction, peinture, bois, huiles de cuisson, vieille ferraille, piles, etc. Observez vos rebuts, préparez-vous de nouvelles ‘poubelles’ (petites ou grandes) pour amasser vos résidus valorisables et consultez le site de votre municipalité!
- Découvrez les collectes spécifiques, qui visent des matières dangereuses ou problématiques. Je pense par exemple à RecycFluo pour les néons et ampoules au mercure, aux boites à piles ou aux serpuariens pour les appareils électroniques. Il y a aussi des initiatives qui allient social et environnemental comme celle de la Fondation Clermont-Bonnenfant qui collecte les languettes et attaches à pain pour financer des fauteuils roulants. Bon à savoir : beaucoup de marchands reprennent certains articles qu’ils vendent : bombonnes de propane, peinture en pot et en aérosol, médicaments, etc.
En s’informant sur la longue chaine de vie des déchets, on finit par penser l’objet comme une matière avec ses propriétés sur l’environnement à court et long terme. Et le changement d’habitudes vient presque de lui-même. Il suffit de briser la glace.
Sources
Marine Plastics, International Union for Conservation of Nature
The Journey Of Plastic Around The Globe, National Geographic
Lixiviat au lac Memphrémagog : Québec se positionne en faveur d’un moratoire permanent, Radio-Canada
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