Il existe plusieurs formules pour réaliser un événement écoresponsable. Je souhaite ici vous présenter une bonne recette et partager mes astuces en prenant en exemple un événement concret fort réussi : l’événement de clôture du Tour CIBC Charles-Bruneau auquel j’ai eu la chance de participer pour la première fois avec mes collègues du Jour de la Terre (dans le cadre du Fonds Éco IGA) vendredi le 7 juillet passé. Bel exemple d’événement écoresponsable que j’ai pu voir directement de l’intérieur, du côté des poubelles, avec l’équipe de gestion des matières résiduelles.

Cette année, plus de 700 cyclistes ont participé au Tour cycliste et ont permis d’amasser plus de 3,3 millions de $ pour la Fondation Charles Bruneau, qui lutte contre le cancer pédiatrique. Cela fait trois années maintenant que le Fonds Éco IGA s’associe au Tour, qu’il met de l’avant son expertise en gestion des matières résiduelles afin d’aider l’événement à atteindre ses objectifs écoresponsables.

Les piliers d’un vrai événement écoresponsable

La gestion des déchets, dont nous étions responsables sur le site d’arrivée du Tour cycliste, était un incontournable pour l’organisation d’un événement écoresponsable. Mais attention, il n’y a pas que cela! On pourrait regrouper en 7 volets principaux les actions à mener pour réaliser un événement écoresponsable [1] : le choix du lieu et du transport, le choix des achats et de l’alimentation offerte sur place, la gestion globale des matières résiduelles, la communication et pour finir les gaz à effet de serre (GES).

Au cours de l’événement cycliste, l’équipe du Fonds Éco IGA et moi avons surtout touché à quatre de ces catégories. Je vais tout de même aborder une vaste palette d’actions possibles et surtout donner quelques trucs pratiques pour essayer de rendre vos événements plus verts!

1. Gestion des matières résiduelles en événement

Commençons par l’essentiel de notre travail sur le site d’arrivée du Tour cycliste : la gestion des matières résiduelles. C’est bien simple, pour réduire le nombre de déchets en amont, il est essentiel de s’entretenir avec les fournisseurs. Selon nos recommandations, les fournisseurs de l’événement étaient d’ailleurs invités à limiter les quantités d’emballages utilisés, notamment dans les boîtes à lunch.

Hormis l’organisation d’un événement 100 % zéro-déchet, il faut s’assurer d’appliquer au moins le principe des 3RV : réduire à la source, réutiliser, recycler et valoriser. Trois différentes voies de collecte ont donc été mises en place : les rebuts, le recyclage et aussi les matières organiques. Les bacs de collecte ont été disposés en îlots de trois, pour permettre un meilleur tri de la part des participants.

Voyez comment les îlots ont été disposés à des endroits stratégiques (arrivée des cyclistes, proche de la tente IGA qui distribuait de la nourriture). 

Un autre élément clé pour un tri réussi est la signalétique! Elle est essentielle, doit être à hauteur des yeux et très visuelle (avec des images ou de belles photos colorées).

Aussi, pour obtenir un tri de qualité, il faut définitivement avoir une équipe de volontaires de rêve! Suffisamment nombreux pour être postés aux principaux îlots et ainsi répondre aux questions des participants (« oui ça, ça va là » ; « ah non cette assiette-ci se composte » ; « oui même les ustensiles se compostent, super hein? »)

À la fin de la journée, on a pu peser chaque sac pour totaliser le poids de chaque matière générée. On a atteint un taux de valorisation de 78 % (c’est-à-dire que 78 % des matières produites lors de l’événement ont pu être recyclées ou compostées) ! C’est plus de 270 kg de matières qui ont évité l’enfouissement, pas pire n’est-ce pas? Et c’est sans compter tous les restants de nourriture redonnés à un organisme local.

Trucs et astuces

• Pensez bien à disposer les îlots de tri à des lieux stratégiques, au risque que certains soient inutilisés.
• Ne remplissez pas trop les sacs de compost, ça peut vite devenir très lourd et difficile à peser avec un lève-sac le soir de l’événement !
• N’oubliez pas de vous munir de superbes pinces à déchets pour régulièrement retrier les bacs et attraper facilement les déchets rendus tout au fond.

2. Achats événementiels et nourriture

Avant d’acheter du matériel neuf pour gérer les déchets sur le site d’arrivée du Tour CIBC Charles-Bruneau, nous avons pris soin de réutiliser le matériel que nous avions déjà au sein de notre organisation, comme les gants, les pinces à déchets, les sacs, etc.

Ensuite, le choix des fournisseurs pour les divers achats et notamment ceux liés à l’alimentation est très important. Idéalement privilégier des fournisseurs ayant une politique de développement durable, des fournisseurs locaux. Par exemple, le fournisseur de boîtes à lunch a été contacté par l’organisatrice de l’événement pour qu’il limite le nombre d’emballages dans les boîtes, qu’il privilégie les matières compostables/ recyclables, et bannisse le plastique 6!

Autre initiative qui réduit considérablement le plastique gaspillé : une fontaine d’eau. Il y en avait une sur place tout au long de l’événement. Le résultat se constatait facilement dans les bacs de recyclage!

L’un des moments forts de l’événement : le pique-nique de fin d’après-midi. En évitant de générer une grosse quantité de lunchs individuels, c’est un nombre important d’emballages qui n’a pas été jeté aux poubelles. Des kits de vaisselle (assiettes et verres), d’ustensiles et de serviettes compostables ont été distribués aux participants lors de ce repas. Pour finir, tous les restes de nourriture du buffet ont été donnés au Comité d’Entraide de Boucherville. C’est 289 kilos de nourriture sauvée de l’enfouissement, ce qui équivaut à 963 portions à redonner aux personnes dans le besoin. Une bonne façon de lutter contre le gaspillage alimentaire ! :)

Trucs et astuces

• Privilégiez de la décoration et des cadeaux réutilisables. On pense surtout aux nombreux ballons de fête (oui c’est festif, mais ça finit souvent dans les airs…)
• Cherchez à obtenir une cohérence entre les différents fournisseurs pour les emballages et contenants – l’idéal est que toute la vaisselle soit réutilisable, recyclable ou compostable. Pensez bien que si vous ne choisissez qu’un type de contenant (seulement du recyclable ou seulement du compostable, par exemple) cela facilite grandement les messages à faire passer aux participants.
• Suggérez aux participants de réutiliser leur verre. On peut y mettre son prénom par exemple… En plus ça favorise les rencontres ;).
• Pensez à maximiser l’offre végétarienne lors du choix de la nourriture, cela réduit fortement l’impact environnemental.

3. Communications événementielles

Pensez à réduire au maximum du papier pendant l’événement est aussi un bon point. Rappelez-vous à cet effet que personne ne consulte vraiment les dépliants et flyers qu’ils prennent aveuglément au passage de quelques kiosques…

Communiquer sur la nature écoresponsable de l’événement est primordial! Pour cela, on a qu’à partager un maximum de contenu sur les réseaux sociaux avant, pendant et après l’événement. En plus de communiquer via les réseaux sociaux, on s’engage à faire un bilan chiffré de l’événement. Cet outil sera d’ailleurs idéal pour communiquer les résultats aux partenaires. Je suggère aussi fortement de faire un retour de l’événement en rédigeant un article pour le blogue de son organisation. (Suivez mon regard…)

Trucs et astuces

• Pour confectionner les pancartes, privilégiez des matériaux recyclables et prévoyez de les réutiliser les années suivantes (ne pas indiquer de date).

4. Transport et choix de l’emplacement de l’événement

Pour terminer de faire le tour des principaux champs d’action à considérer pour son événement, il faut mentionner la catégorie du transport et le choix du lieu. Toute l’équipe du Fonds Éco IGA en provenance de Montréal s’est rendue à l’événement, donc à Boucherville, en covoiturage. L’équipe, quand elle ne prend pas le vélo ou le transport en commun, a d’ailleurs fréquemment recours aux systèmes d’autopartage, ce qui nous simplifie pas mal la vie!

Situer l’événement dans un endroit central et facile d’accès en transports en commun est idéal. De notre côté, l’arrivée des cyclistes du Tour CIBC Charles-Bruneau a toujours lieu dans le parc de la Rivière-aux-pins, au cœur de la ville de Boucherville. Le site répond ainsi à tous ces critères.

Comme l’événement se déroulait en plein air, les questions énergétiques présentaient beaucoup moins d’enjeux (pas de climatisation, ni de chauffage). Cet aspect n’est cependant pas à négliger.

Trucs et astuces

• Favorisez le transport actif pour les déplacements : la marche, le vélo, et si c’est trop loin, les transports en commun ou le covoiturage. De l’information au sujet des différents moyens de transport doit absolument être diffusée auprès du public.
• Pour les personnes qui se rendent à vélo, disposez des racks à vélo sécuritaires et en grand nombre autour du lieu choisi. Dans notre cas, ceci tenait de l’évidence !

Pour conclure en beauté un événement écoresponsable

Le seul volet non mentionné dans cet article est celui du contrôle d’émission de GES. C’est sûrement le plus complexe à mettre en œuvre et à intégrer lors de l’organisation d’un événement écoresponsable, mais il en vaut certainement la peine. Il est très utile de calculer les GES générés par tous les paramètres entourant l’événement. Certains organismes reconnus peuvent vous aider à obtenir un calcul fiable. Il faudra ensuite trouver des mesures compensatoires pour les GES émis. La plantation d’arbres est un exemple de mesure. C’est une démarche très souvent utilisée pour compenser les émissions de carbone.

Bref, l’équipe du Fonds Éco IGA est assez fière des résultats des efforts mis en œuvre pour rendre l’arrivée du Tour CIBC Charles-Bruneau plus écoresponsable. Ce dernier pourrait bien devenir à moyen terme un événement zéro-déchet.

Rien n’aurait été possible sans les organisateurs de l’événement et l’implication des partenaires bien sûr. On les remercie en gardant bien en tête que finalement, le déchet le plus propre, c’est celui qu’on ne produit pas!

Sources

[1] Conseil québécois des événements écoresponsables (CQEER)

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Conseillère – Gestion des matières résiduelles

Océane Barth

Globe-trotteuse dans l’âme, Océane est tout autant passionnée de voyages et d’aventures qu’elle n’est amoureuse de la nature! Interpellée par les problématiques environnementales, elle tente de convertir le plus grand nombre au quotidien. Curieuse et friande des petits cafés indépendants de Montréal, elle aime aussi faire de bons repas et des soirées entre amis.

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