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Plastique 6, le chiffre de la bête

15 juin 2017 | Par Agnès Mager Grandmaison
Gestion des matières résiduellesTrucs et astuces

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

Voici une célèbre maxime attribuée au père de la chimie moderne, Antoine Laurent Lavoisier. C’est aussi mon inspiration ou encore ma motivation principale quand vient le temps de se débarrasser d’un bien, d’un résidu ou d’une substance destinée à l’abandon! Eh oui, l’environnementaliste en moi a toujours cru important de mettre les éléments arborant la boucle de Möbius, dans le bac de recyclage. Dans l’espoir de ressusciter ces biens rejetés de la société, je disposais donc adéquatement de mes résidus de plastique et je m’amusais même parfois à tenter de deviner quelle serait la nature de leur réincarnation respective : un vêtement synthétique? Un article de bureau? Un jouet?

La même petite écologiste en moi a basculé le jour où j’ai su que bien qu’elles affichent le symbole recyclable, certaines matières doivent être jetées directement aux déchets ultimes plutôt que d’être recyclées!

Savoir reconnaître le fameux (diabolique) polystyrène

En effet, classés par numéro, les objets de plastiques se distinguent par leur composition et leur utilisation. La catégorie 6, aussi appelée le polystyrène, n’est que très peu recyclée au Québec. J’étais alors désenchantée de constater la longue liste de produits classés plastique 6 :

  • Barquettes de viande;
  • Vaisselle à usage unique;
  • Caissettes pour fleurs;
  • Emballages de protection (aussi appelé styromousse);
  • Barquettes à champignons;
  • Pots de yogourt individuels;
  • Emballages à pâtisseries transparents;
  • Et de nombreux autres articles.

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Exemple de polystyrène, Recyc-Québec

Il est où le problème avec le plastique 6!?

Mais pourquoi cet affichage n’est-il pas respecté? La réponse se trouve quelque part entre la théorie et la pratique. Théoriquement, le polystyrène extrudé (rigide) ou expansé (mousse volumineuse) est recyclable à 100 %. En réalité, comme ce plastique est composé jusqu’à 95 % d’air, il coûte plus cher de le transporter que de le transformer pour la revente. [1]

Transport > Transformation

La rentabilité étant nulle, il existe peu de débouchés pour cette industrie. C’est donc seulement 18 % du polystyrène qui est actuellement recyclé au Québec [2] et le reste se retrouve :

………………………………………………….………..Roulement……….de…..….tambour……………………………………………………………………………

gif_plastic2

Enterré.

Et ainsi oublié à tout jamais. Mais comme « rien ne se perd », ils s’accumulent rapidement et occupent l’espace des sites d’enfouissement! Nous en serons bientôt envahis! AAAhhhhhhh, quelle horreur!!!

Des solutions en route

Pour arriver à bien dormir le soir, il y a toutefois une bonne nouvelle : quelques projets de récupération voient le jour à travers la province. Par exemple, dans certaines municipalités comme Granby et Sherbrooke, il est possible d’accumuler les emballages en polystyrène et de les apporter à l’écocentre pour qu’ils soient acheminés dans une manufacture et transformés en panneaux d’isolation. D’autres endroits comme Victoriaville ou la Ville de Québec récoltent ces produits à même la collecte résidentielle pour être, entre autres, utilisés comme combustible.

Il existe même une alternative facilitant le transport de ce plastique. Un procédé développé en 2011 à Montréal permet de dissoudre le polystyrène dans un concentrateur contenant de l’huile essentielle non toxique. Une fois le liquide saturé, le mélange obtenu est transporté à l’usine pour être séparé. Ce procédé permet de créer des pastilles de polystyrène de haute qualité qui pourront être réutilisées, tout comme l’huile essentielle qui servira à nouveau. [3]

Des actions instantanées

Évidemment ces solutions mettent du temps à être implantées. Il existe cependant des gestes simples à intégrer à votre quotidien. Effectivement, en attendant qu’une économie circulaire du polystyrène se mette en place, la solution principale demeure la suivante : RÉDUIRE À LA SOURCE.

Avons-nous réellement besoin que nos courgettes soient cordées 2 par 2 sur une barquette de plastique entourée de cellophane? Est-ce nécessaire d’acheter de la vaisselle jetable pour un événement?

Il suffit de prendre conscience qu’une utilisation unique de ces emballages ou ces produits crée un déchet pour plus de 1000 ans. C’est pourquoi j’apporte dorénavant mes contenants lorsque je vais à l’épicerie pour acheter la viande et le poisson. Lorsque je commande un repas pour apporter, je fournis aussi un contenant (si j’en ai un avec moi) ou je choisis un repas qui sera servi dans un sac en papier. Pour ce qui est des emballages de protection en styromousse lors d’un achat fragile, je me questionne d’abord sur la réelle nécessité de cet achat et je tente de me procurer cet article sur le marché de seconde main.

J’opte donc pour convertir la maxime « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » par une nouvelle version plus moderne et plus appliquée à notre réalité : « La réduction à la source fait en sorte que rien ne se crée donc rien ne se perd et ainsi, rien n’a besoin d’être transformé » !

Sources

[1] Le polystyrène : recyclable ou non?, 3 novembre 2015, Sara Boissonneault

[2] GUIDE TECHNIQUE
sur la mise en valeur du polystyrène post-consommation
, Juin 2016, Recyc-Québec

[3] Le polystyrène, enfin recyclable, 29 octobre 2015, André-Anne Cadieux



Conseillère – Dons alimentaires

Agnès Mager Grandmaison

Avec sa grande ouverture d’esprit, Agnès adore voyager pour en apprendre davantage sur les différents écosystèmes et les groupes culturels. Depuis la fin de ses études en environnement, elle concentre ses actions dans la redistribution des surplus alimentaires pour que les denrées invendues puissent nourrir ceux qui ont faim.

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