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Face à l’urgence environnementale et à la production croissante de déchets au quotidien, la collecte des matières organiques s’impose comme une priorité dans les centres urbains et périurbains.
Avec des sites d’enfouissement approchant dangereusement leur capacité maximale et des objectifs gouvernementaux pressants en matière de réduction des déchets , il devient impératif d’intensifier les efforts. Toutefois, l’implantation de la collecte des matières organiques repose sur une importante coopération entre divers acteurs et actrices et soulève de nombreux défis.
Comment s’organise concrètement cette transition essentielle, et quels sont les obstacles et opportunités pour en assurer le succès ?
Regard sur l’expérience menée sur l’avenue Queen-Mary dans l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.
Objectifs gouvernementaux et contexte général
La politique québécoise de gestion des matières résiduelles vise à bâtir une société sans gaspillage en encourageant le tri, le traitement et la valorisation des résidus . L’objectif principal est de garantir que seuls les résidus ultimes – la fraction de déchets réellement inévitable (excréments d’animaux domestiques, poussière, couches…) – soient déposés dans les sites d’enfouissement du Québec.
Depuis 2021, les municipalités doivent mettre en place une collecte des matières organiques pour les résidents des immeubles de huit logements et moins. Cette obligation s’étend progressivement aux bâtiments comptants plus de huit logement (multi-logements). Le déploiement complet est prévu d’ici 2026, mais des défis restent à relever, ce qui pourrait entraîner un ajustement du calendrier initial.
Pour y parvenir, la politique repose notamment sur l’engagement et la responsabilisation de tous les acteur · trices impliqué·es dans la gestion des matières résiduelles. Qui sont ces intervenant·e·s et quel rôle jouent-iels dans cette transformation ? La suite de cet article vous présentera un panorama.
Les acteur.trices impliqué.es
La mise en place d’une collecte des matières organiques implique plusieurs niveaux d’intervention.
LE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC : Par le biais de politiques environnementales et de subventions, il encourage la réduction des déchets et le développement de la valorisation des matières organiques.
LA GESTION MUNICIPALE : Elle conçoive et déploie les programmes de collecte, détermine les calendriers et choisisse les infrastructures de traitement des matières.
LES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES ET ÉCOLOGIQUES : Elles jouent un rôle clé dans la sensibilisation, l’éducation et l’accompagnement des citoyen·nes et des commercant.es. Grâce à leurs actions sur le terrain, elles facilitent l’adoption de bonnes pratiques et contribuent à une meilleure acceptabilité sociale des différents programmes de déploiement.
LES CITOYEN·NES ET COMMERÇANT·ES : Leur adhésion et leur participation active au programme de collecte sont essentielles à son succès. Un tri rigoureux et une bonne compréhension des consignes territoriales permettent d’assurer une gestion efficace des matières organiques et de maximiser leur valorisation. Pour connaître les consignes en vigueur sur votre territoire, n’hésitez pas à contacter votre organisation municipale, à consulter son site web ou à utiliser l’application mobile Ça va où?
LES ENTREPRISES DE COLLECTE ET DE TRAITEMENT DES MATIÈRES ORGANIQUES : Elles assurent en grande partie le ramassage des bacs bruns et leur acheminement vers les centres de compostage ou de biométhanisation. Dans certains territoires comme Montréal et Laval, les municipalités gèrent également leurs propres flottes de camions pour compléter ce service.
Les enjeux et freins
Malgré l’implication des multiples parties prenantes, plusieurs obstacles freinent la collecte des matières organiques, et le tri peine encore à s’ancrer dans les habitudes.
– Sensibilisation et adhésion.
La collecte des matières organiques fait face à un double défi : le manque de connaissances et le désintérêt d’une partie des citoyen·ne·s et commerçant·e·s. Beaucoup ignorent les bénéfices environnementaux de la valorisation des matières organiques, tandis que d’autres redoutent les nuisances potentielles, comme les odeurs ou la gestion des bacs.
– Un engagement inégal selon les milieux
La participation varie selon les quartiers et les types d’habitations. Dans les logements collectifs, l’absence d’espaces adéquats pour entreposer les bacs et une mobilisation communautaire plus complexe limitent l’adhésion.
– La cohabitation
Dans une artère animée comme l’avenue Queen-Mary, la coexistence entre résident·e·s, commerçant·e·s et autres usager·e·s complique la gestion des matières organiques, notamment en raison de la contamination des bacs bruns par des déchets non conformes, ce qui réduit l’efficacité du tri et du traitement.
Les pistes de solutions
Identifier les freins à la collecte permet d’élaborer des solutions adaptées aux réalités du terrain. Le déploiement de diverses stratégies est nécessaire pour encourager la participation, en combinant :
– Des campagnes de sensibilisation à travers des ateliers éducatifs. Comme la conférence du Jour de la terre – J’aime ma poubelle mais je la quitte!
– Des tables de concertation réunissant les acteur·rice·s locales.
– Des guides pratiques et des initiatives communautaires pour faciliter l’adoption du tri.
– Une présence accrue d’agent·e·s de mobilisation pour sensibiliser les usager·e·s.
– Des accompagnements personnalisés pour les commerçantes afin d’apporter des solutions concrètes. Apprenez-en plus sur les accompagnements personnalisés de l’équipe Action Réduction
Pour répondre aux défis des immeubles combinant des espaces résidentiels et commerciaux, plusieurs solutions sont expérimentées. :
– Les bacs partagés.
– Les sites de compostage communautaire. Apprenez-en plus Site de compostage communautaire
– L’implication des propriétaires et gestionnaires d’immeubles.
Par ailleurs, l’ajustement de la fréquence de collecte des déchets – en réduisant celle des ordures résiduelles tout en maintenant une collecte régulière des matières organiques – pourrait inciter à un meilleur tri.
Enfin, l’implantation d’incitatifs financiers, comme une tarification modulée selon la quantité de déchets produits, constituerait un levier puissant pour renforcer l’adhésion. En plus de générer des économies municipales, ces mesures favoriseraient une transition durable vers une ville plus verte. En apprendre davantage sur la tarification incitative des matières résiduelles via cette étude : Tarification incitative
Regard sur le cas de l’avenue Queen-Mary
Réunissant commerces, résidences et institutions, l’avenue Queen-Mary illustre parfaitement la diversité et le dynamisme du paysage montréalais. Dans ce contexte multiculturel, l’implantation de la collecte des matières organiques repose sur une coordination efficace entre l’ensemble des parties prenantes.
Pour accompagner cette transition, une collaboration entre l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et le Jour de la Terre Canada a permis d’informer, soutenir et mobiliser les commerçant·e·s, en leur offrant un accompagnement adapté aux enjeux spécifiques de leur réalité, favorisant ainsi une adoption harmonieuse du service.
Forts du succès de cette première phase, les acteur·rice·s du projet lancent maintenant une phase 2, élargissant l’initiative à de nouveaux partenaires, dont l’écoquartier local, la SDC Côte-des-Neiges et les usager·ère·s de l’artère, afin d’assurer une appropriation durable du programme.
Grâce à cette mobilisation collective, l’avenue Queen-Mary se distingue comme un modèle inspirant d’intégration de la collecte des matières organiques en milieu urbain, démontrant ainsi que l’engagement local est un levier puissant pour une transition réussie.
Conclusion
La réussite de la collecte des matières organiques repose sur une synergie entre les autorités publiques, les acteurs privés et la population. En adaptant les stratégies de sensibilisation et en améliorant les infrastructures, il est possible de surmonter les freins actuels et d’encourager une participation accrue. L’exemple de l’avenue Queen-Mary illustre l’importance d’une approche concertée, où chaque intervenant joue un rôle clé. À travers de telles initiatives, Montréal continue de progresser vers une gestion plus durable et responsable de ses matières résiduelles.

Conseillère – Gestion des matières résiduelles
Roxane Baron
Interpellée par nos enjeux contemporains, Roxane cherche à comprendre les différentes formes d’interactions entre les sphères sociales et environnementale. Elle pose au centre de ses réflexions, les relations de genre et de domination. Outre son désir de prendre action dans la lutte climatique, elle est passionnée d’arts culturels, de jardinage urbain, de cuisine et d’herboresterie. Ses plaisirs coupables sont le café et le vin. Elle adore se balader en ville accompagnée de sa grande complice sa chienne, la saucisse.
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