MUNICIPALITÉ RÉGIONALE D’HALIFAX, NOUVELLE-ÉCOSSE – Le 17 mai 2022
Les rénovations énergétiques, conçues pour réduire les émissions de GES des bâtiments, sont utilisées par les municipalités et les entreprises pour aider le Canada à atteindre son objectif net zéro d’ici 2050. Il existe un autre type de rénovations, les rénovations de résilience, qui contribuent à rendre nos bâtiments plus résistants face aux événements climatiques extrêmes. Elles sont tout aussi importantes, mais sont encore considérées comme une pratique émergente. Étant une ville côtière, la Municipalité régionale d’Halifax (MRH) est sujette aux inondations et à d’autres phénomènes climatiques. Elle souhaitait mettre en lumière ce nouveau type de rénovation pour le placer au centre des conversations.
RÉFLEXIONS EN TABLE RONDE
L’événement 2022 d’ÉcoHack-ta-ville s’est tenu le 17 mai, au cours duquel les expertes invitées ont examiné le rôle des rénovations de résilience du point de vue de l’adaptation au climat, de celui de la législation et de celui du secteur du bâtiment. Il a permis de mettre en évidence le fait que les rénovations de résilience ne rendent pas seulement les bâtiments plus solides, mais qu’elles permettent avant tout de construire des communautés plus fortes face aux événements climatiques extrêmes.
Résumé des réflexions en table ronde
Alanna Komisar, conseillère principale en matière de durabilité, de décarbonisation et d’adaptation au climat chez Mantle Developments, n’aurait pas pu mieux commencer la table ronde qu’en définissant les différentes étapes d’un événement climatique extrême. Par exemple, les « facteurs de stress chroniques » sont des changements à long terme des conditions climatiques existantes, comme l’augmentation des sécheresses due à l’allongement des saisons sèches ou la variation de la moyenne annuelle des précipitations. Si les infrastructures répondent à un besoin humain au quotidien, leur rôle est infiniment plus important lors d’événements climatiques extrêmes. Il est donc important de comprendre les habitants des communautés touchées et leurs besoins. Le besoin le plus pressant est de pouvoir rester en sécurité pendant l’intervention des secours et le retour à une situation stable. Alanna a présenté les concepts d’ »Abri-sur-place » et de « Panne sécure ». « Abri-sur-place » fait référence à un espace intérieur, idéalement sa propre maison, où l’on peut attendre en toute sécurité jusqu’à ce que l’on nous dise d’évacuer. « Panne sécure » fait référence aux conséquences non catastrophiques d’une panne d’équipement lors d’un événement climatique extrême. Grâce à la généralisation de ces concepts, les communautés à risque seraient en mesure de mieux se remettre de ce type d’événement, plus rapidement et avec moins de dégâts.
Cheryl Evans, directrice de la résilience aux inondations et aux incendies de forêt du Centre Intact d’adaptation au climat (CIAC) de l’Université de Waterloo, a poursuivi en soulignant le rôle des structures comme le CIAC pour aborder l’adaptation climatique et ne pas s’en tenir à l’atténuation. Ces structures aident les communautés à améliorer leur résilience associée au changement climatique et aux événements météorologiques extrêmes. Avant de partager des ressources sur les outils de résilience aux inondations et aux incendies qui peuvent être mis en œuvre à faible coût (toutes disponibles sur le site web du CIAC), Cheryl a expliqué que le fait qu’il y ait davantage de dommages liés aux conditions climatiques est dû à l’action humaine et à la prise de décision associée. Le développement dans les zones à haut risque, le manque de réglementation et le manque d’investissement dans la prévention sont autant de facteurs qui contribuent à l’augmentation du nombre d’événements liés au climat et aux conditions météorologiques. L’investissement dans la résilience devrait cependant être envisagé. Pour chaque dollar investi dans des mesures de résilience, le retour sur investissement se situe entre 6 et 9 dollars par maison, selon le type de résilience. Les bénéfices de ce type d’investissement se feraient sentir sur le long terme, puisque l’infrastructure pourrait ainsi résister aux nouveaux phénomènes climatiques extrêmes.
La dernière intervenante de la table ronde, Vanessa Mitchell, chargée de projet en Environnement et changement climatique au sein du Groupe CSA , a abordé le manque de réglementation mentionné par Cheryl et a mis en lumière le travail du Groupe CSA en tant que leader dans la recherche, le développement et la défense de normes. Le Groupe CSA élabore des normes pour la résilience climatique. À l’heure actuelle, l’adoption de normes de résilience climatique se fait sur une base volontaire, en fonction de la disposition des entreprises et des institutions. Cependant, ces normes font maintenant leur chemin au niveau municipal, ce qui impliquera plus d’entreprises et d’institutions et aura un impact plus important. Même sans créer de nouvelles normes, l’adaptation au climat est intégrée dans les normes existantes, ce qui permet à la résilience de devenir un aspect courant à prendre en compte dans la construction des bâtiments. Le groupe CSA collabore avec le CIAC pour élaborer ces normes. Un autre outil utile en cours d’élaboration est un cadre de résilience climatique facile à utiliser pour les propriétaires et les gestionnaires de bâtiments, avec l’aide de BOMA Canada, entre autres organisations.
DES PISTES DE SOLUTIONS
Après la table ronde, deux groupes de participants ont été formés à la Pensée créative par le biais d’une approche pratique en répondant aux questions suivantes : Comment pourrions-nous augmenter la résilience des infrastructures résidentielles de manière innovante et inclusive ? et Comment pourrions-nous initier l’adoption de rénovations de résilience pour les bâtiments résidentiels à travers des programmes existants ou à venir pour diminuer les impacts sur les propriétaires ? Alors que la première question se concentre sur la communauté et la création de liens entre les différents acteurs de cette dernière, la deuxième question porte sur les mécanismes de financement de la résilience.
Pour cette problématique, les participants ont identifié les locataires comme l’un des groupes concernés par la question des résidences résilientes et ont conçu des solutions pour répondre à leur situation unique.
La communauté est au cœur de cette problématique et, plus important encore, la création ou la restauration de liens entre ses différents acteurs. La mobilisation et les conversations sont un excellent outil pour y parvenir et un point de départ pourrait être d’asseoir les locataires et les propriétaires autour d’une même table. Les locataires sont parfois confrontés à des obstacles lorsqu’il s’agit d’apporter des changements à leur logement parce qu’ils n’en sont pas propriétaires et les propriétaires pourraient faciliter cette démarche. L’ajout de composantes de résilience est un bon retour sur investissement, car il permet d’éviter les coûts liés aux réparations en cas d’événement climatique extrême. Toutefois, il ne peut s’agir d’une conversation à sens unique et il est également nécessaire de comprendre le point de vue des propriétaires.
La plupart du temps, ce qui empêche cette connexion, c’est le manque d’information et de sensibilisation à ce qui peut être fait. C’est pourquoi la diffusion d’histoires positives, comme celle de propriétaires qui contribuent à la construction de logements plus résistants, contribuera à accroître la visibilité. Il est également important de partager des informations utiles, comme les programmes d’incitation pour les propriétaires ou la façon dont les unités d’habitation accessoires (UHA) peuvent jouer un rôle dans la construction de logements résistants. Ces initiatives sont conçues pour une petite échelle, mais les développements plus importants doivent également être inclus et la voie pour augmenter la résilience de leur infrastructure s’inscrit davantage dans la ligne des réglementations avec des ententes sur les avantages pour la communauté et des cadres de politique sociale.
Lorsque l’on pense à la communauté et que l’on souhaite mettre en place des programmes d’engagement communautaire, il convient de comprendre où les locataires ou les propriétaires sont bloqués dans leur parcours de rénovation résiliente et ce qu’ils ne font pas. Une fois cet élément compris, il est essentiel d’impliquer les parties prenantes concernées pour lever l’obstacle. La plupart du temps, les corps de métier (par exemple les plombiers en cas d’inondation ou d’événement lié à l’eau) sont les parties prenantes concernées, car ils travaillent en étroite collaboration avec les propriétaires et offrent leur expertise.
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Grâce au travail effectué dans le cadre de cette problématique, le groupe est parvenu à la conclusion qu’il existe un manque d’éducation sur le sujet des rénovations résilientes qu’il convient de combler. Une façon innovante d’aborder cette question est d’ajouter des informations sur la résilience dans les salons de l’habitation qui existent déjà. C’est un moyen de faire circuler l’information en dehors des groupes environnementaux et de présenter le sujet au grand public.
Le groupe s’est finalement concentré sur l’aspect financier des rénovations résilientes, soulignant le fait que les programmes de financement existants ne sont pas accessibles à tous, car un financement initial est nécessaire la plupart du temps. Réfléchir aux différents mécanismes de financement et à la manière de les exploiter lorsqu’il s’agit d’initier l’adoption de rénovations de résilience pour résidences est la voie à suivre. Cela pourrait se faire en adaptant les programmes de financement existants pour inclure la résilience ou en trouvant de nouveaux programmes de financement innovants et durables. Il convient également de sortir des sentiers battus et de s’orienter vers des mécanismes d’assurance, d’autant plus que les assureurs sont très favorables à voir les bâtiments devenir plus résistants.
Certains programmes de financement à examiner sont les partenariats public/privé, comme les programmes d’énergie propre évaluée pour la propriété (PACE, en anglais seulement), mais pour la résilience, les fonds d’investissement pour le développement économique des communautés (CEDIF, en anglais seulement), les obligations communautaires ou les crédits d’impôt.
Si les programmes de financement sont essentiels pour entreprendre des rénovations, les intervenantes de la table ronde ont souligné qu’unéquilibre entre les incitations financières et les incitations non financières aiderait les communautés à aller plus loin. En réalité,il est parfois plus important que les gens prennent soin les uns des autres et se soutiennent mutuellement face à des événements climatiques extrêmes que d’obtenir des incitations financières pour la résilience ou d’avoir une approche structurelle face à la résilience.
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