Les deux dernières années nous auront apporté une chose : un regard nouveau sur le monde. Une certitude définitive que, finalement, ce qui a de la valeur n’a pas de prix. Fêter sans compter les convives. Serrer ses proches dans ses bras. Sortir sans regarder l’heure.

Combien parmi et autour de nous ont eu le temps de réfléchir à leurs projets voire revu leurs plans de vie? Finalement réalisé vouloir se rapprocher de leurs valeurs? Se lever le matin pour plus qu’un salaire. Se sentir utile. Combien aussi à vouloir moins. Moins de choses et plus de temps. À vouloir ralentir tout simplement.

Cet état de conscience, moi je le vois comme le signe d’un changement.
Qui m’amène à vous parler d’un courant de pensée précieux qui m’a redonné une forme de confiance à penser que la bataille, nous pouvons la gagner. Et que ça commence dans nos esprits.

SE DÉPOSSÉDER SANS PERTE DE SENS

Alors que l’humanité vient de s’offrir un avant-goût de ce que « freiner brutalement » veut dire, je me questionne : Sommes-nous prêt·e·s pour le grand ralentissement? Celui qui ne manquera pas d’arriver que l’on fasse l’autruche ou non.

L’urgence à ralentir n’est plus une utopie portée par quelques bienheureux·ses à côté de la plaque. C’est une réalité que nous pouvons choisir aujourd’hui ou nous voir imposer demain. Et plutôt que d’y voir la fin sacrilège d’un système dont nous constatons tou·te·s les dérives, pourquoi ne pas l’aborder avec bonheur? Mieux, l’amorcer dans nos quotidiens?

C’est ce que prône la sobriété heureuse, aussi appelée simplicité volontaire ou décroissance conviviale. Et ça dit que nous pourrions vivre mieux avec moins.

Et cet autre futur, nous commençons à le bâtir aujourd’hui et ensemble.

Parce que nous sommes des millions à les réaliser chaque jour, les petits gestes n’existent pas. Ce sont en fait eux qui entrainent un système dont nous n’imaginons pas pouvoir nous défaire. Ils pavent un chemin à côté du chemin et montrent à d’autres que l’on peut s’affirmer sans se conformer.

Dans le film « Payez au suivant », on voit un enfant changer son monde, une action à la fois. Son troc : aider trois personnes à condition qu’elles en aident trois autres à leur tour. Et c’est un peu de ça dont il s’agit en fait : changer le monde en commençant par le nôtre. Faire ce qu’on peut en entrainant avec nous des personnes sur lesquelles nous sommes les seul·e·s à avoir une prise.

Bâtir un réseau (in)visible de colibris.

PETIT GESTE DEVIENDRA GRAND

Être un colibri c’est construire un nouveau possible, un choix à la fois.
Incarner des valeurs, parfois imparfaitement, mais le cœur à la bonne place.

C’est s’accrocher à sa tasse réutilisable comme d’autres à leurs sacs plastiques
C’est partir à pied quand il fait froid. Baisser le chauffage, couvrir les fenêtres.
Accumuler piles, ampoules et batteries pour mieux en disposer plus tard.
C’est composter même en été. Donner plutôt que jeter.
Déneiger le palier d’à-côté sans qu’on nous l’ait demandé.

C’est manger local en hiver et semer quelques fines herbes à l’été.
Faire son épicerie en vrac et fuir le suremballé.
C’est chaque aliment qu’on n’a pas gaspillé. Chaque produit qu’on n’a pas acheté.
C’est lancer un groupe de partage pour mutualiser ses objets.
C’est se ramasser, ce regard en arrière pour s’assurer qu’on n’a rien échappé.

C’est rester sur liste d’attente des années pour une parcelle de jardin partagé.
C’est participer aux consultations des municipalités, aux rencontres de ruelles.
Faire entendre sa voix et celle de ceux et celles qui n’en ont pas.
C’est chaque minute de votre temps que vous donnez à d’autres.
C’est recréer du lien et le tisser serré.

C’est chaque balade en forêt ou au bord du fleuve.
C’est regarder tomber la neige et grandir les arbres.
Observer la nature pour en adopter le rythme lent, cyclique et millénaire.

C’est une révolution souvent silencieuse que vous n’êtes pas seul·e·s à mener. Et qui ouvre une voie.

Parce que [faire notre part] « Telle est notre responsabilité à l’égard du monde, car nous ne sommes pas totalement impuissant·e·s si nous le décidons » (Pierre Rabhi, La part du colibri)

Conseillère GMR et Conférencière

Elise Karcher

Toujours prête à lancer un bon débat, Elise est convaincue que chacun.e a un rôle à jouer pour protéger l’environnement ! Curieuse, drôle et férue de recettes italiennes, elle rêve qu’un jour la mobilisation et l’engagement citoyen soient à la portée de tous. Les soirs et fins de semaine, vous la trouverez au milieu de sa jungle de 37 plantes tropicales, un livre dans une main et une tasse de café dans l’autre.

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